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Nébuleuse Gilgamesh
16 juin 2007

[Ancien blog, n'oublions pas] THX 1138

Est ressorti cette semaine, dans trois salles parisiennes, et trois autres en France, le deuxième film de Georges Lucas (avant Star Wars, donc), THX 1138, présenté en "director's cut".
Il s'agit ici, contre tous les préjugés pesant sur la personne de l'auteur (certains vérifiés, d'autres beaucoup moins), d'un grand film ; sans le porter aux nues, car il manque, malgré tout, de la puissance d'un Brazil ou d'un Ghost in the Shell, c'est une oeuvre remarquable, originale, et qui n'a pas vieilli, bien au contraire.
Sur une trame attendue, typique de l'univers dystopique où il embarque son spectateur, Lucas nous sert, par des scènes à la fois naturelles et admirablement orchestrées, une vision très subtile, dont le caractère abstrait n'efface pas la virulence métaphorique vis-à-vis de la société qui est la nôtre.
Une des grandes forces de ce film est son absence complète de clichés, de didactisme et de facilités ; point de lourds passages explicatifs qu'on trouve dans la mauvaise SF, mais une attention sincère et véritable à ses personnages, un déroulement à la fois contemplatif et heurté par un montage qui parasite son récit par le parallèle administratif et totalitaire où figurent les multiples écrans de surveillances qui quadrillent chaque seconde de la vie des protagonistes, et suppriment toute ombre d'individualité. A ce montage, virtuose et profondément moderne à tous points de vue, vient s'ajouter une mise en scène proprement exceptionnelle, qui cadre admirablement les visages et sonde la complexité des émotions, qui sait tirer parti de la nudité de certains décors en la sublimant, et qui ne prend jamais son spectateur pour plus bête qu'il n'est.
La société décrite, auscultée à travers le parcours d'un héros hébété et ordinaire en butte à la répression d'un système implacable, évoque brillamment, sans jamais dicter d'interprétation pesante, les évolutions destructrices d'un monde dont l'horreur vient non pas d'une violence trop peu subtile, mais d'une discrète manipulation de tous les instants, qui par là même est bien plus efficace.

Tout cela, servi par une interprétation remarquablement épurée et une photo impeccable, donne un film excellent, que sa retenue et son caractère peu surprenant ne doivent pas discréditer.
Je vous le conseille donc chaudement, même si la période présente est très prodigue en films de qualité (et c'est tant mieux !).

LM

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